La Saudi Pro League, où évoluent désormais Lacazette, Zézé ou Millot, avait perdu son diffuseur en France après le retrait de Canal+. Un vide qui tombait à pic pour Zack Nani, 30 ans, streamer lyonnais suivi par plus de 800 000 abonnés sur YouTube et 600 000 sur Twitch. Habitué à recevoir stars et personnalités dans son émission « Zack en roue libre », de Benzema à Eden Hazard en passant par Didier Drogba, il a sauté sur l’opportunité lorsque l’agence IMG, détentrice des droits, l’a contacté. Résultat, un investissement personnel à six chiffres pour une saison, avec une deuxième en option, et l’exclusivité de la diffusion gratuite. « C’est le plus gros investissement de ma carrière », a-t-il confié à L’Équipe.
Plus qu’un match, une expérience
Zack Nani ne veut pas “faire comme à la télé”. Jusqu’à trois matchs par semaine seront diffusés, dont au moins un « gros » match habillé d’un format inédit : canapé, invités variés, un expert du ballon rond et une personnalité moins familière du foot, et interaction en direct avec le chat Twitch. Les spectateurs ne sont plus de simples téléspectateurs, mais des participants. « J’ai envie d’humblement modifier un peu la façon de voir du foot en France », expliquait-il. Pour les autres rencontres, le ton restera libre, plus intime, souvent depuis chez lui avec un invité en ligne. L’objectif est de proposer un football gratuit, accessible, et une manière différente de le vivre.
En rachetant les droits, Zack Nani illustre un basculement, le pouvoir ne repose plus uniquement sur les chaînes, mais sur les créateurs et leurs communautés. Un « média-personne », comme le décrivait Le Parisien, capable de concurrencer sur le terrain de l’audience et de l’engagement. Sur Twitch, il fédère en moyenne 2 800 à 3 000 spectateurs simultanés, avec des pics à plus de 15 000 lors d’événements spéciaux comme son live avec Eden Hazard, et un record historique dépassant 56 000 viewers. Sa base compte environ 1 000 abonnés payants, ce qui représente près de 2 300 € par mois uniquement via les abonnements. Là où la télévision facture l’accès, lui mise sur la gratuité pour maximiser l’attention et monétiser ensuite via sponsors, publicités et abonnements volontaires. Sur Twitch, des milliers de micro-dons ou abonnements à quelques euros peuvent, cumulés, financer un projet que la publicité seule ne couvrirait pas. L’initiative soulève toutefois un débat, en offrant une vitrine à la Saudi Pro League, Zack participe indirectement à la stratégie d’influence sportive du royaume saoudien. Mais pour ses fans, l’essentiel est ailleurs : voir du foot gratuitement, commenté par des passionnés.
Et demain ?
« Je n’ai pas la prétention de dire que je viens révolutionner le foot en France, la manière de consommer », expliquait-il au Parisien. « J’essaie juste d’apporter ma pierre à l’édifice et de faire un truc de mon côté en espérant ouvrir un peu des portes. » Pour YassEncore, créateur de contenu et proche du streamer, « Les streameurs prennent petit à petit la place de la télévision chez les jeunes. Les matchs vont être diffusés gratuitement, commentés par des passionnés. Pour moi, ça va révolutionner la manière de consommer du foot ». Une chose est sûre, après cette opération, la frontière entre streamer et diffuseur sportif n’a jamais été aussi mince.
Sources :
(📸 Photo : Instagram / @zacknani)
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